Affaire Seznec : rapport Camard sur Alphonse Kerné
Alphonse Kerné, contrairement à Guillaume Seznec, a fait la guerre de 14 et en est ressorti médaillé :
Selon le rapport Camard...
"Alphonse Kerné fut entendu à deux reprises le 10 mai et le 28 août 1926.
Le 10 mai, il expliqua avoir connu QUEMENER alors qu'il était comptable et surveillant chef chez DE JAEGHER André, transitaire, dont il a déjà été parlé, et au service duquel il est resté de février 1921 à mi-avril 1923. QUEMENER faisait le commerce des poteaux de mine à destination de l'Angleterre et avait chargé DE JAEGHER de la vente de ces poteaux moyennant commission. KERNE noua ainsi avec QUEMENER des relations amicales qui se poursuivirent même après son départ de chez DE JAEGHER, jusqu'à la disparition de l'intéressé.
KERNE affirma n'être allé qu'une seule fois au Havre, en 1921, pendant vingt-quatre heures, pour accompagner un lot de pommes de terre pour le compte de DE JAEGHER et, par conséquent, ne pas y être allé en 1923. Il reconnut avoir fait un voyage à Paris entre le 13 et le 20 juin 1923. Parti de Morlaix le 13 au soir par le train de 21 h 30, il arriva à Paris le 14 au matin et se rendit chez sa mère, 81, rue de Picpus. Les 14 et 15, il régla ses affaires. Devant ensuite regagner Morlaix, il ne put le faire ayant été atteint d'une crise hépatique dans la nuit du 15 au 16 juin. Le 16, vers 8 H, du matin, il fut visité par le docteur DUCASSE, 15 rue Louis Braille, à Paris 12e. Les 16, 17 et 18 juin, il resta alité chez sa mère et reçut, dans l'après-midi du 18 la visite de M. FRANCASTEL, associé de son patron M. BARRELIER. Le 19, il put se lever et sortir un peu l'après-midi et le 20 il repartait à 8 H du matin pour arriver à Morlaix vers 18 H 30.
Il présenta au commissaire CUNAT l'ordonnance délivrée par le docteur DUCASSE le 16 juin 1923. Le commissaire CUNAT examina cette ordonnance et nota dans son procès-verbal : "Cette date ne paraît avoir subi aucune altération".
KERNE ajouta avoir peut-être rencontré de JAEGHER dans l'après-midi du 13 juin, au café de Morlaix et être certain de n'avoir pas dit partir pour l'Angleterre. Il fit état de ses mauvaises relations avec de JAEGHER père, n'ayant jamais voulu traiter d'affaires avec lui depuis son entrée à la maison BARRELIER. Il dit aussi n'avoir jamais parlé de Chelles mais indique que de JAEGHER avait pu croire qu'il était tombé malade dans cette localité car sa mère y avait demeuré jadis et de JAEGHER devait ignorer qu'elle n'y demeurait plus à l'époque de ce voyage.
"Enfin il ne se rappela pas avoir connu une bonne nommée Francine, au débit de tabac, Quai de Léon à Morlaix.
Le 28 août, KERNE put faire la preuve qu'il n'était pas allé à Paris le 2 juin 1923.
La prénommée Francine fut identifiée, car elle ne l'était pas jusqu'alors, ce qui prouve encore, s'il en était besoin, qu'elle n'avait pas été interrogée en 1923.
Elle fut entendue par le commissaire CUNAT le 28 août 1926. Nommée SCOUARNEC Francine, veuve HAMON, elle déclara avoir été employée comme bonne à Morlaix, dans un autre commerce d'ailleurs que celui indiqué par Mme SEZNEC à la fin de juillet 1921. S'étant mariée le 25 octobre 1921 à Locquenolé, elle accompagna peu après son mariage et pendant quatre mois, son mari dans ses voyages sur les bateaux de la Compagnie Générale de Navigation "Rouen-Paris-Le Havre" et revint ensuite à Locquenolé où elle accoucha en juillet 1922. Courant mai 1923 elle alla habiter Le Havre où elle demeura environ un an. Elle se souvint qu'à l'époque de son arrivé au Havre, les journaux relataient la disparition de QUEMENER. Elle affirma n'avoir jamais été employée dans une maison de cette ville et n'y avoir jamais été employée dans une maison de commerce. Elle déclara très bien connaître KERNE ainsi que de JAEGHER et affirma n'avoir jamais vu KERNE au Havre.
/image%2F1613768%2F20211226%2Fob_8ee7af_morlaix-quai-de-leon.jpg)
On trouve également trace de cette enquête dans la minute d'un rapport paraissant datée du 30 août 1926, conservé au dossier du Parquet de Quimper, où il est écrit :
"Le sieur de JAEGHER, personnage notoirement taré à Morlaix, a tenté de faire planer des soupçons sur un sieur KERNE son ancien employé qui l'aurait supplanté dans la représentation d'une maison de commerce de Paris. Il a laissé entendre que KERNE, qui connaissait QUEMENER, se serait trouvé à Paris le 2 juin, date où quelqu'un s'est présenté pour toucher le chèque destiné à QUEMENER, et qu'il aurait effectué en juin, époque des incidents du Havre (achat de la machine à écrire, faux télégramme signé QUEMENER, découverte de la valise de QUEMENER) un voyage au Havre où il serait allé dans un café tenu par une nommée Francine, autrefois domestique à Morlaix. KERNE a non seulement protesté contre ces allégations mais il a pu justifier qu'il était à Morlaix le 2 juin, que du 13 au 20 il est allé à Paris où il est tombé malade chez sa mère et il a produit une ordonnance du médecin qui l'a soigné, en date du 16 juin. Il n'est point allé au Havre où il n'a fait aucun voyage depuis 1921. La nommée Francine a pu être retrouvée. Elle a bien habité Le Havre mais n'a jamais tenu de café et n'a jamais vu KERNE dans cette ville".
....................................
Paris-Soir du 9 juin 1937
Le procureur Théodore Picard est mort d'une longue maladie, dans son lit, au 26 Quai de Léon, à Morlaix, le 4 novembre 1928.
Jeanne Seznec in L'Intransigeant du 14 avril 1950 (les bonnes feuilles du livre de Claude Sylvane) :
Le Docteur Ducasse, rue Louis Braille au recensement 1926.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire