vendredi 23 septembre 2022

Affaire Seznec : Léon Turrou sur le Paris Midi 13 juillet 1939


Affaire Seznec : Léon Turrou sur le Paris Midi 13 juillet 1939

page 5 du Paris Midi du 13 juillet 1939 :


Paris Midi 13 juillet 1939 interview Leon Turrou Concierges à Paris



Paris Midi Leon Turrou


En juillet 1939, et, le film d'Anatole Litvak, avec Edward G Robinson "Les aveux d'un espion nazi" vient juste de sortir à Paris.


Les Aveux d'un espion nazi (Confessions of a Nazi Spy) est un film américain réalisé par Anatole Litvak sorti en 1939. Il fait partie, avec Hitler – Beast of Berlin (en), des premiers films de propagande ouvertement antinazis1

Synopsis[modifier | modifier le code]

Avant l'entrée en guerre des États-Unis, des espions allemands essayent de voler des secrets militaires américains. Kurt Schneider, un ancien professeur d'allemand sans le sou, se fait embobiner par le Schlager, un des maillons d'un réseau d'espionnage nazi implanté en Amérique. À la suite de l'arrestation du contact de Schneider en Écosse, l'armée américaine demande au FBI de démanteler ce réseau. L'agent Edward Renard s'applique alors à méthodiquement arrêter les espions2.

Autour du film

Contexte historique

Alors que la Seconde Guerre mondiale approche, les États-Unis, majoritairement isolationnistes, entendent conserver à tout prix leur neutralité et ne veulent pas se laisser entraîner dans la guerre comme en 1917.

La population ne veut pas entendre parler des dangers que représentent le fascisme et la politique expansionniste d'Hitler, Mussolini ou Franco : un sondage de indique que 95 % des Américains sont opposés à toute entrée en guerre ; en 1942, 42 % des Américains considèrent qu'il est plus important d'enquêter sur la propagande de guerre américaine que sur la propagation du nazisme, du fascisme ou du communisme3.

Rôle de Hollywood

Des libéraux, des communistes ainsi que quelques Républicains travaillant à Hollywood s'organisent pour combattre le fascisme : la Ligue anti-nazie de Hollywood, le Comité des artistes en faveur des Républicains espagnols (qui a eu jusqu'à 15 000 membres), ou le Comité pour les réfugiés anti-fascistes. La Ligue anti-Nazi de Hollywood, qui a compté dans ses rangs Melvyn Douglas, Paul Muni, James Cagney, Sylvia Sidney ou Gloria Stuart, a eu jusqu'à 4 000 membres. Elle produit des émissions de radio, publie un journal et manifeste contre les rassemblements du Bund germano-américain, organisation américaine nazie qui organise de grands rassemblements publics4.

Pourtant, à la fin des années 1930, aux États-Unis, peu de studios sont prêts à s'engager et à risquer des pertes à l'international. Warner Bros. est un des rares studios à prendre ouvertement parti contre le fascisme et le nazisme, fermant ses bureaux en Allemagne dès n 1. La « Production Code Administration », l'organisme d'auto-censure hollywoodien, et principalement son directeur antisémite Joseph I. Breenn 2, essayent d'empêcher Warner Bros. de produire des films qui attaquent ou se moquent des gouvernements étrangers, notamment des Nazis, ou qui montrent trop de sympathie envers les Juifs3. Warner Bros. produit donc des films dans lesquels la critique du nazisme est plus ou moins masquée, tels que La Légion noire (1937) ou Juarez (1939), ainsi que Agent double (1939), British Intelligence Service (1940), L'Aigle des mers (1940), Underground (1941) et Le Vaisseau fantôme (1941)5.

Les Aveux d'un espion nazi est le premier film hollywoodien important avec le mot « nazi» dans le titren 3,2.


Réception
Critique

La critique accueille le film plutôt favorablement, et le message politique est apprécié. Le critique et scénariste Frank S. Nugent écrit dans le New York Times que ce mélodrame n'est « pas mal du tout », malgré une représentation caricaturale des Nazis : « Nous ne croyons pas que les ministres de la propagande Nazis aient un rictus diabolique à chaque fois qu'ils mentionnent la Constitution des États-Unis. [...] Nous pensions que cette représentation n'existait plus depuis The Kaiser, the Beast of Berlin (en)n 4,9. » Le critique Welford Beaton trouve Confessions d'un espion nazi mémorable, en ce qu'il est « le premier à se prononcer sur des évènements contemporains et à prendre parti5. »

La presse étrangère est également enthousiaste, notamment à Jérusalem, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, où Les Aveux d'un espion nazi est projeté dans des salles combles5.

Public

Le soir de la première, le à Beverly Hills, est hautement sécurisé : police, vigiles, voiture blindée pour protéger les bobines... Peu de célébrités se présentent, par peur que leur présence leur fasse une mauvaise publicité. Le public est généralement enthousiaste, applaudissant régulièrement à la fin de la projection5.

La projection des Aveux d'un espion nazi entraîne cependant également des réactions négatives, voire violentes. Des sympathisants Nazi ont ainsi brûlé un cinéma de la Warner Bros. dans le Milwaukee. Dans le reste des États-Unis, des manifestations, des dégradations et des menaces poussent plusieurs exploitants de salles à retirer le film de l'affiche. Fritz Kuhn, le leader du Bund germano-américain, poursuit, sans succès, la Warner Bros. Le journal Nazi New-Yorkais Deutscher Weckruf Und Beobachter and The Free American (de) qualifie le film de propagande contre les Chrétiens perpétrée par les « Juifs de Hollywood », promouvant les intérêts du « Bolchévisme juif et des autres internationalismes10. »

 
Confession of a Nazi spy

 

À l'étranger

Les nazis cherchent à interdire le film partout où c'est possible, en premier lieu en Allemagne, où le film est qualifié de propagande néfaste de nature à détériorer les relations germano-américaines11, mais le film est également interdit dans plus d'une vingtaine de pays, dont l'Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède...

En Pologne, des milices antisémites pendent plusieurs propriétaires de salles diffusant le film5.

Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie, qui se faisait projeter des films presque tous les soirs, signale dans son journal le qu'il a vu Les Aveux d'un espion nazi : « C’est une production américaine pas malhabile, j’y joue moi-même un rôle centraln 5, et d’ailleurs pas spécialement déplaisant. Sinon, je pense que le film n’est pas dangereux. Il inspire à nos adversaires davantage de peur que de colère et de haine. » Fier du raffinement de la décoration de son cabinet de travail, il est par ailleurs vexé par la représentation qui est faite dans le film8.

……………………...

Leon Turrou affiche du film les confessions d'un espion Nazi 1939 Paris


 

publicité en page 6 du même journal tiré du bouquin de Turrou "Nazi Spies in America".

 

Leon Turrou Nazi spy ring in America book cover


"Turrou est devenu célèbre, il a déçu profondément le FBI pour des fuites d'informations à propos de l'affaire à la presse à New York et écrit une série d'articles sur le cas pour un journal. (...) Les articles de journaux de Turrou ont été utilisés comme base du film, Confessions d'un espion nazi."

Léon George Turrou, lui, n'appartient plus au FBI depuis juin 1938.


Paris Midi du 13 juillet 1939.

L'article a pour angle les concierges de Paris.

Léon déplore d'abord le non usage de la carte d'identité aux Etats-Unis.

"Nous ignorons en Amérique l'usage de la carte d'identité. Un homme se présente-t-il dans un hôtel pour dormir il peut, même étranger s'inscrire sous le nom qui lui convient le mieux, Smith ou 
Jones, selon que la fantaisie lui en prend.. Aucune pièce justificative ne lui sera demandée. De même pour les demandes d'emploi."

Puis, dans le même ordre d'idées, il loue la confrérie des concierges, si utile "toujours aux aguets et toujours fidèle".

"Vos concierges forment un corps admirable de policiers sans le savoir".

……………………….


"Toujours est-il que Turrou n'utilise pas son nom pour des affaires un peu obscures. Il utilise des 
pseudos parfois comme celui de Leon Petrov ou de Leon Tornoff. (…) Dans cette 
affaire de Cadillac, il a pu utiliser le nom de Charly aussi répandu que Smith ou Jones. "

"Turrou utilise des pseudos"...


Leon Turrou dans une cabine téléphonique 1938



"Je devais me faire passer pour John Petrov, Russe expatrié, aux opinions très avancées et ayant toujours mené le bon combat dans les luttes prolétariennes. Ce n'était guère difficile, car je parlais couramment le russe, le polonais et quelques autres dialectes slaves. De plus, mes pommettes saillantes me donnaient un petit air de fils de la Volga. Dans ma jeunesse, j'avais traîné un peu partout en Europe et avais été mêlé à la révolution russe, ce qui me donnait un répertoire très fourni d'anecdotes. D'autre part, j'avais appartenu à la mission de secours aux populations russes durant la grande famine de 1921."

in "J'étais un G-Man", en page 89.

Turrou est très mythomane

Il écrivait, en avril 1949, à la fin de son ouvrage en page 216 :

"Après avoir passé vingt ans à poursuivre ceux qui transgressent les lois, il me paraît que cet abandon à la fatalité est commun à tous les criminels, qu'ils 'agisse de Hauptmann ou de Hitler (qui n'était qu'un misérable paranoïaque). C'est ce sentiment d'impuissance devant les décrets du destin qui conduit les pas de chaque individu. Et ceux qui espèrent agir sur l'avenir de l'humanité doivent essayer d'utiliser cette force latente en la rendant créatrice.

En constatant cela, je comprends aussi pourquoi j'ai écrit ce livre, tout autant pour mon plaisir personnel que pour l'édification d'un public qui m'est inconnu. C'est le recueil de tout ce que j'ai fait d'utile dans ma vie ou plutôt de tout ce que je crois susceptible de passer à la postérité : deux décades au service du F.B.I. et du C.I.D. de l'armée des Etats-Unis, deux décades durant lesquelles j'ai parcouru mon pays et le monde en franc-tireur de la loi, en chevalier errant, cassant des lances contre l'armée du mal et sans craindre les clins d'œil protecteurs que les critiques échangent avec le public.

Léon G. TURROU.

Paris, avril 1949."

Léon George Turrou est mort à Paris le 10 décembre 1986.

Il était alors âgé de 91 ans.


Voir Biographie de Leon Turrou en Français

 

Affaire Seznec : Léon Turrou sur le Paris Midi du 13 juillet 1939

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