vendredi 23 septembre 2022

Affaire Seznec : Maître Vincent de Moro-Giafferi

Affaire Seznec : Maître Vincent de Moro-Giafferi

Les années 1920 : Il est élu député de la Corse pour le Parti républicain-socialiste en 1919 et président du Conseil général en 1920.

Peu après la guerre, il plaide de grandes affaires, notamment celle de Landru (1869-1922), celle de madame Bassarabo (dite Héra Mirtel),et il participe à celle de Joseph Caillaux (1863-1944), accusé de trahison pendant la guerre. En 1924, il fut appelé pour défendre Guillaume Seznec, en raison de la disparition du conseiller général Pierre Quémeneur survenue un an plus tôt, de laquelle on accuse Guillaume Seznec d'être l'auteur.

Réélu cette même année, il est nommé sous-secrétaire d'État à l'Enseignement technique du  au  dans le Gouvernement Édouard Herriot  (Cartel des Gauches). Il ne pourra pas assurer la défense de Guillaume Seznec, qui avait fait appel à ses services, quelques mois plus tôt. Il proposa son plus proche collaborateur, Me Marcel Kahn un jeune avocat qui n’avait jamais plaidé jusqu’ici devant une Cour d’assises.

 

Le Phare de la Loire du 16 juillet 1923

En juillet 1923...

Guillaume Seznec choisit, pour le défendre, un spécialiste des affaires criminelles, Me Vincent de Moro-Giafferi.

"J'ai l'honneur de vous faire savoir que j'ai choisi Me Moro-Giafferi et Me Feuillat, avocat à Brest, comme défenseurs dans l'affaire Quéméneur".

in Lettre de Seznec au juge d'instruction Binet à Brest.

L'Excelsior du 21 juillet 1923

"Morlaix, 20 juillet. - On sait que le premier interrogatoire de Seznec, inculpé du meurtre de M. Quémeneur, devait avoir lieu aujourd'hui. Me de Moro-Giafferi et Feillard, ses défenseurs en avaient été avisés, mais, à 13 h 45, lorsque l'inculpé, menottes aux mains et encadré par des gendarmes, est entré au Palais de justice, aucun d'eux n'était présent."

Ouest-Eclair du 29 novembre 1923

"Quémeneur, répondit Me de Moro-Giafferi, il fait aujourd'hui la noce avec les femmes de Landru."

Quand Bernez Rouz écrit :

"En décembre 1923, l'avocat de Seznec, le célèbre de Moro-Giafferi, rend visite à son client à la prison de Morlaix. Il lui conseille de ne pas mettre en avant cette histoire de Cadillac, de stocks américains, de combines diverses." (note 342)

Il nous renvoie alors à la note 342 qui, elle, renvoie à l'ouvrage de Denis Seznec.

"Un jour de décembre {...] Dès son arrivée, l'avocat est conduit dans la cellule de mon grand-père. Il se promène de long en large entre le lit et le lavabo et, de temps en temps, tourne son visage rond à la large moustache tombante vers le prisonnier en posant sur lui un oeil vif et évaluateur. Il écoute ce Breton qui dévide ses explications si compliquées : des faux témoins, des preuves truquées, des documents falsifiés, des achats non déclarés officiellement... Tout cela paraît bien rocambolesque.

Quand mon grand-père commence à évoquer le trafic des Cadillac, l'avocat l'arrête aussitôt d'un geste péremptoire :

- Surtout, évitez de parler de toutes ces histoires de stocks américains, de trafics de voitures ! Ces combines feraient mauvais effet sur le jury."


Quand Moro-Giafferi est nommé au gouvernement, Denis Seznec et ses partisans hurlent au complot.

Exemple Thierry Sutter :

" –  Pour assurer sa défense, Guillaume Seznec avait choisi Maître Moro Giafferi, nommé par hasard au gouvernement juste avant le début du procès et remplacé par Maître Khan qui n’avait jamais plaidé, Maître Moro Giafferi resta à ce poste 10 mois, on en déduira ce que l’on veut."

Ou dans Le Monde du 1er juillet 1989 

"Mais la malchance revêt souvent aussi la robe de l'avocat. Les avocats imputent vite à la justice, à la police, chaque erreur judiciaire, négligeant le rôle qu'ils y tiennent parfois, comme chacun des acteurs du procès. L'avocat peut aider l'erreur judiciaire par sa présence, par son absence, par son acharnement de partie civile, par ses négligences ou ses maladresses de défenseur. La malchance de Seznec, ce fut que l'illustre avocat qu'il avait désigné, Vincent de Moro Giafferi, entra au gouvernement quelques semaines avant l'audience. Moro Giafferi ne voulut pas être remplacé. Il délégua pour le substituer l'un de ses jeunes collaborateurs, Marcel Kahn, qui apporta sa bonne volonté, son ardeur, mais n'avait pas l'expérience des procès d'assises. Ainsi s'acharna la fatalité."

Ou encore Claudine Jourdan :

"- Mais pourquoi n’en avez-vous pas parlé en 1923 ?

- Je l’ai fait. Le commissaire Vidal n’a pas voulu me croire, et mon avocat, Me de Moro-Giafferi, m’a conseillé de ne pas insister. Cela mettait trop de gens en cause…."


Chez Aurélien Le Blé :



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