jeudi 29 septembre 2022

Affaire Seznec : Pourquoi l'hypothèse d'une arnaque de Leon Turrou est impossible ?

Affaire Seznec : Pourquoi l'hypothèse d'une arnaque de Leon Turrou est impossible

On peut dire que j'ai beaucoup beaucoup travaillé sur le cas Leon George Turrou...

Et que je n'ai pas ménagé ma peine.


J'ai lu tout ce qui a pu paraître sur lui.

Les livres comme les articles de journaux.

En anglais et en français.

Leon Turrou Spying in America J'étais un G-man couverture
Livres de Leon Turrou


Me reste encore "Bonheur en sursis" et j'aurais lu tout

Et, curieusement, à partir des mêmes documents, nous arrivons à une analyse complètement différente.

 

 

1/ L'annonce déclenchante

Tous les aficionados de l'affaire Seznec savent bien que ce qu'on nomme "l'annonce déclenchante" n'a jamais été l'annonce Bollon :

La depeche de Brest 22 novembre 1922 annonce Bollon

Annonce Bollon parue dans La Dépêche de Brest le 22 novembre 1922


Que vient donc faire cette annonce O.I.R. parue dans L'Auto des 7 et 9 février 1923 ?

10 Cadillac torpedo annonce affaire seznec
Tiré du livre de Bertrand Vilain Affaire Seznec : Les archives du FBI ont parlé

Qu'est-ce qui nous prouve que Seznec ou Quémeneur lisaient bien L'Auto ?

Tout le monde lisait le journal L'Auto car c'était le journal d'annonces automobiles le plus suivi par tous les professionnels

Lors des perquisitions à Traon ar Velin (Morlaix) ou à Ker Abri (Landerneau), aucune recherche n'a été faite pour retrouver les journaux.

Qu'est-ce qui nous prouve que c'est bien Leon Turrou qui se cache derrière le sigle O.I.R. ?

Leon Turrou est l'américain Charly et il cherche a se procurer des Cadillac.

 

2/ Leon Turrou était-il en France en mai 1923 ?

Nous sommes en possession de deux seuls documents qui pourraient le prouver :

Le premier document : une liste de passagers du paquebot Paris, montre que Turrou, sa femme et ses fils ont débarqué à New York le 25 mars 1923.

Nous savons qu'ils venaient de Russie où Turrou avait fini par retrouver sa famille.

"Upon his arrival in Moscow Turrou made inquiries about the fate of his family. He learned that they were alive and well. They were reunited and on July 13, 1922, Teresa was issued an emergency U.S. Passport in Warsaw, Poland. Turrou and his family returned to America in March 1923 where they settled in Westbury, Long Island, New York. He found work as a salesman and later as a Postal Inspector in New York City."

Ils ont, bien entendu, traverser la France pour gagner Le Havre.

Mais combien de temps y ont-ils séjourné ?

Rien n'est moins sûr.

Il y avait des trains spéciaux pour l'embarcation sur les paquebots :

"Certains passagers étaient arrivés l’après-midi même de Paris, par train : le New York Express, en provenance de la Gare Saint-Lazare."


Leon Turrou passenger list Berengaria
affaire seznec arrivée de Turrou à New York

Le second document : une liste de passagers du paquebot Berengaria, montre que Turrou a débarqué seul à New York le 13 juillet 1923.

Là aussi, il a, bien sûr, traversé la France pour arriver à Cherbourg en provenance de Monaco.

Rien ne prouve qu'il ne s'y soit pas arrêté.

Et il est totalement possible de trouver une liste de passagers montrant son arrivée en France à bord du Berengaria le 21 mai 1923.

Steamer Berengaria affaire seznec

J'en suis arrivée à penser qu'il avait dû débarquer quelque part avec une mission de l'A.R.A. (American Relief Administration) pour lequel il était traducteur de 1921-1923.

3/ Turrou, était-il oui ou non le roi de l'arnaque ?

Là aussi, il faut se remettre dans le contexte, Leon George Turrou est brillant, très brillant.

Il parle plusieurs langues : Anglais, Allemand, Français, Russe et Polonais.

Comme l'indique Bertrand Vilain, dans son livre, affaire Seznec, Les archives du FBI ont parlé, iIl a été interprète pour les pontes de l'A.R.A. en Russie soviétique d'octobre 1921 à février 1923. Et, par son job, il a rencontré des hauts dignitaires bolcheviks, dont Felix Dzerjinski.

C'est effectivement Bertrand Patenaude qui en parle dans "The Big Show in Bololand".

Que j'ai aussi par-devers moi.

Alors que Seznec nous décrivait Charly, je rappelle ici que notre Turrou avait les pommettes hautes distinctives des slaves. Et qu'il était plutôt du genre blond. 

 

Bertrand Patenaude The big show in Bololand
Bertrand Patenaude The Big Show in Bololand

A ce sujet, le brillant dernier auteur peut bien se moquer de mon américain...

Je suis sensible aux critiques  sur Turrou, car, ici, j'ai eu ma dose.

Leon Turrou avait très très envie d'intégrer le F.B.I.

Et il s'en est donné les moyens.

Sa jeune et brillante carrière parlait pour lui.

Hoover l'a intronisé agent spécial le 16 mars 1929.

"Herbert Hoover was inaugurated President on March 4, 1929. On March 16 Director Hoover notified Turrou of his appointment as a Special Agent."

Le directeur du F.B.I. c'est J. Edgar Hoover qui n'a aucuns liens familiaux avec le président Herbert Hoover.

Alors...

Pourquoi ne pas prendre pour dires véridiques les paroles d'un certain Joseph Davidowski ?

"It may be noted further that MR. POWER said that Davidoff has been drinking when he made this statement…"

affaire seznec memorandum for special agent in charge


Vous imaginez un peu la différence de carrière entre un Davidowsky tenancier d'un pub mal famé dans le quartier déshérité de Brooklynet d'un Leon Turrou, espion connu à l'international, dont même le très hollywoodien Jack Warner a fait un film avec starring Edward G. Robinson.

confession of a nazi spy Turrou

Pour en finir….

Quand on lit :

"Bertrand Vilain l'affirme : "Il existe, dans les archives de la préfecture de police de Paris, un dossier N° 16707, datant de 1939, au nom de Leon Turrou". Une piste encore inexplorée."

C'est ce que j'appelle le syndrome de la carrière internationale de Turrou qui a vraiment démarré, après l'affaire Seznec, en 1929. Pas avant.

Mais il est tout à fait normal que les archives de la préfecture de police de Paris aient un dossier au nom de Turrou D'une part parce qu'il était un agent connu du F.B.I.

Et d'autre part, parce qu'il était venu en France en juillet 1939, pour la campagne de lancement du film d'Anatole Litvak "Confessions d'un espion nazi".

 

Turrou couverture d'un journal France 1939
Turrou en visite à Paris en 1939

 

4/ Turrou et Quémeneur


Rien ne peut venir étayer la thèse selon laquelle Turrou et Quémeneur ne se connaissaient pas

Rien non plus pour nous dire que Turrou n'était pas le Charly de l'affaire Seznec.


 

5/ Le retour de Pierre Quémeneur à Morlaix le dimanche 27 mai 1923

Petit-Guillaume nous a tardivement parlé de son cher papa bagnard.

Objectif en 1978 : aider son neveu Denis Seznec dans sa nouvelle demande de révision du procès du grand-père...

Qu'il faut y apporter quelques crédits.

Oui, moi aussi, je le reconnais, les fils de Petit-Guillaume m'avaient émue.

Mais, l'émotion une fois passée, j'ai su très vite raison garder.

Hors le fait qu'il est totalement possible que Quémeneur soit resté pendant 6 heures, assis sur sa valise, en gare de Houdan, à attendre le train de Paris...

Vous pensez bien qu'avec les charmants voisins des Seznec à Morlaix, toujours planqués derrière leurs rideaux à espionner...

Un conseiller général du Finistère dans les rues à 6 heures du matin, ça aurait fait jacter !

Michel Pierre a essayé d'écarter cette thèse d'un trait de plume en demandant comment Pierre Quémeneur pouvait avoir sur lui, le dimanche 27 mai 1923, une promesse de vente établie entre le 22 mai 1923


Je vais faire parvenir cet article à notre grand reporter morlaisien du Télégramme.

Parce qu'il a fait du tout un bon travail de journaliste.

Il a juste écrit Il a le droit, me direz-vous...

Peut-être, mais moi aussi j'ai le droit de remettre les pendules à l'heure.


Le problème de M. Vilain est que dès qu'il trouve une archive américaine, intéressante sur l'affaire Seznec, il s'efforce immédiatement de la faire coller.

Nous l'avions vu avec son livre "Affaire Seznec : Nouvelles révélations" paru suite à sa découverte des pages du livre "Cadillac Participation in the World War"

Où il nous apprenait qu'il n'y avait jamais, ô grand jamais, eu un vaste trafic de Cadillac en France vers la Russie des soviets en 1923...

Et nous apprenait que Pierre Quémeneur avait été enterré dans l'Orne, à La Ferrière-Bochard.

Nous le voyons aujourd'hui, avec Patenaude et le dossier Turrou du FBI, où il nous apprend qu'il y a bien eu une affaire de Cadillac en France vers la Russie des Soviets en 1923.

Et où Petit-Guillaume nous dit que Pierre Quémeneur a été enterré à la scierie Seznec de Morlaix.

Pour choisir, cochez la case correspondante.

Merci.

 






Find a grave Leon Turrou 
 
Find a grave Turrous's bio with many errors :

Leon George Turrou (Turovsky), a Polish-born naturalized American citizen, attained notoriety in 1938 with his surprise resignation from the Federal Bureau of Investigation (FBI). The circumstances of his resignation, the angry response of FBI Director J. Edgar Hoover, and Turrou’s involvement in a sensational espionage case were front page news for months. Turrou went on to write a series of newspaper articles and a book about the case. Warner Brothers Studios hired him as technical advisor on a major motion picture adapted from his book. This became the first movie to depict Nazi Germany as America’s enemy. It is credited with helping turn public opinion against Hitler and neutrality. Turrou enjoyed a period of celebrity as a lecturer and writer but Hoover actively blocked his return to Government service. He answered all inquiries from prospective employers with derogatory comments. FBI agents filed reports on Turrou’s activities. In 1943 Turrou enlisted in the U. S. Army as a private soldier, eventually achieving the rank of Lieutenant Colonel. After WWII Turrou settled in France and became a leader in the American veteran expatriate community. He also was employed by J. Paul Getty as his personal security chief. In 1965 Hoover ended his vendetta by removing the dismissal “with prejudice” entry from Turrou’s records. However, the FBI continues to describe Turrou as a bungler and oath-breaker in its official history.

Turrou was born in Kobryn, Russia (later Poland, now Belarus). He was orphaned as an infant and adopted by a wealthy tradesman. He spent much of his youth travelling around the world living in Egypt, India, China, Japan and Australia. He attended schools in Warsaw, Cairo, St. Petersburg, Vladivostok, Berlin and London. On March 12, 1913 Turrou arrived at Ellis Island aboard the SS Bremen. In New York he sold newspapers and did various odd jobs. In 1916 he left for France and joined a Polish unit of the French Foreign Legion. While recovering from battle wounds in a Paris hospital he met Teresa Zakrzewski, from Zahacie, Poland (now Belarus). He followed her to China, where she, at that time, lived with her parents, and married. They had a son, Edward, in 1918. Turrou was hired by the Chinese Eastern Railway as a translator and Theresa, whose parents had gone to Siberia, went there to give birth to their second child, Victor (1919). Turrou remained in China.

In the chaos of the Russian civil war, Turrou became separated from his family. With the border closed he was unable to communicate with Theresa. His inquiries at the American Counsel indicated everyone in the little village where she was living had been massacred by the Bolsheviks. Turrou gave his family up for dead. He decided to return to the United States. For a time he worked as a salesman but on April 20, 1920 enlisted in the US Marine Corps. While a Marine he petitioned to become a naturalized US citizen (April 29, 1921), at the same time changing his name from Turovsky to Turrou. He was assigned to USMC HQ in Washington, DC where he translated documents for the Historical Section. Later he was selected for a special mission in France and Belgium to map battlefields where Marines had fought. One of the officers he worked for in Europe, Captain Lemuel C. Shepherd, Jr. wrote him a testimonial. (Shepherd later became USMC Commandant, 1952- 1955.) Turrou was discharged in May 1921 for disability, “not in the line of duty and not as result of misconduct, character excellent”. He returned to Europe and joined the American Relief Administration (ARA) serving in Soviet Russia as a translator (chiefly in Moscow) from October 1921 until February 1923.

Upon his arrival in Moscow Turrou made inquiries about the fate of his family. He learned that they were alive and well. They were reunited and on July 13, 1922, Teresa was issued an emergency U.S. Passport in Warsaw, Poland. Turrou and his family returned to America in March 1923 where they settled in Westbury, Long Island, New York. He found work as a salesman and later as a Postal Inspector in New York City.

 

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