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vendredi 23 septembre 2022

Affaire Seznec : Léon Turrou dans le livre de Bertrand Patenaude

Affaire Seznec : Léon Turrou dans le livre de Bertrand Patenaude.

Je suis absolument sûr que Charly existe ou du moins existait à Paris
Guillaume Seznec,
le 16 août 1925.

La quatrième de couverture (*)

"When a devastating famine descended on Bolshevik Russia in 1921, the United States responded with a massive two-year relief mission that battled starvation and disease, and saved millions of lives. The nearly 300 American relief workers were the first outsiders to break through Russia's isolation, and to witness and record the strange new phenomenon of Russia's Bolshevism.

This epic tale is related here as a sprawling American adventure story, largely derived from the diaries, memoirs, and letters of the American participants, who were a colorful mix of former doughboys, cowboys, and college boys hungry for adventure in the wake of the Great War. The story is told in an anecdotal, even novelistic, style that is accessible to a broad readership. More than a fascinating historical narrative, the book serves as a political and social history of the aftermath of the Russian Revolution, and as a study of the roots of the fateful U.S.-Soviet rivalry that would dominate the second half of the twentieth century.

The book's opening section of chapters recounts the chronological story of the American mission to Bolshevik Russia, dubbed by those who served as the "Big Show in Bololand." It is followed by sections which examine the personal triumphs and tragedies of the relief workers and of their beneficiaries; the political confrontations between these emissaries of American capitalism and the Bolshevik commissars, who struggled to gain control over the relief effort; and the unique American-Russian cultural encounter occasioned by the presence of the relief workers, who came into daily contact with all classes of society--from impoverished former aristocrats to the poorest peasants."

Bert Patenaude est un historien, conférencier et réalisateur de documentaires spécialisé dans les affaires russes. Il est actuellement chargé de cours au département d'histoire de l'Université de Stanford et chercheur à la Hoover Institution, et il est le principal auteur de "Utopia Revealed", une prochaine série en cinq parties pour PBS sur l'histoire du socialisme. Patenaude est l'éditeur de plusieurs livres sur les études russes, dont La Révolution russe et Staline et le stalinisme. Ses crédits de film incluent le producteur associé du film PBS primé aux Emmy Awards "Inside the USSR", le documentaire Frontline "A Journey to Russia" et "Stalin's Ghost", un rapport spécial de NBC News. Il a fait ses études au Boston College et à l'Université de Vienne et a obtenu son doctorat en histoire de Stanford en 1987.

Je vous joins ci-dessous ma traduction française des pages de Patenaude au sujet de Léon Turrou (pages 685 à 689 sur un livre de 832 pages) :

"Lorsque les coffres de Dodge ont été ouverts le 8 décembre, Léon Turrou était présent comme témoin et il a signé l' "Acte" du gouvernement soviétique en tant que traducteur. L'ombre de Turrou tombe de façon inquiétante sur l'incident du courrier de décembre.
Quatre ans plus tard, Burland se souvenait des «commérages» à Moscou à propos de Turrou : «qu'il agissait en tant qu'espion pour les Bolos et a donné l'épisode du tronc Dodge. »On ignore pourquoi on pensait que les Soviétiques auraient eu besoin des services pour démasquer Dodge, dont la réputation avait longtemps précédé le train qui le transportait et son pillage hors de Russie. Cela ne signifie pas pour autant que Turrou n'ait pas espionné pour les Bolos. Le cheminement de carrière qu'il a suivi après avoir quitté l'ARA indique une propension au jeu d'espionnage. Et l’existence remarquablement nomade de ses années pré-adultes pourrait suggérer une longue expérience dans le changement d’allégeances, bien que pour les détails de sa première biographie, il faut se fier au témoignage de Turrou, prononcé sous serment devant le tribunal de district des États-Unis à New York en 1928.

Turrou - qui prononce son nom de façon à rimer avec «Ferrow» - est né à Crascaw le 14 septembre 1895, plusieurs mois après la mort de son père à Paris. Trois mois après sa naissance, sa mère est décédée et il a été adopté par des voisins, qui l'ont emmené au Caire et à Alexandrie, puis à l'âge de sept ans en Chine. Après la mort de sa mère adoptive, son père adoptif l'a emmené à Odessa puis à Varsovie, et après avoir servi dans l'armée impériale russe pendant la guerre russo-japonaise, il est retourné avec le garçon en Chine, y travaillant comme importateur jusqu'à sa mort quelques années plus tard. Turrou, alors adolescent, a été renvoyé en Pologne, a erré à Berlin, puis à Londres, puis est venu aux États-Unis, où il a gagné sa vie en lavant la vaisselle et en faisant des traductions, car il avait alors acquis une maîtrise de plusieurs langues.

En 1915, il part pour Paris, cherchant à s’engager dans la guerre, et finit par rejoindre l'armée impériale russe. Il a participé à des actions sur le front oriental et a été blessé à deux reprises. Après la guerre, il séjourne brièvement à Shanghai ; en 1919, il est retourné aux États-Unis et s'est appuyé sur ses compétences en traduction, travaillant pour le journal de langue russe Slovo jusqu'à ce qu'il rejoigne les marines en 1920. Il a ensuite repris et a déménagé à Paris, où il a travaillé comme traducteur et s’est débrouillé pour se connecter avec l'ARA. En septembre 1921, il a signé avec l'unité russe, pour laquelle sa connaissance des langues et ses antécédents russes ont dû le faire paraître un candidat attrayant. Il se sentait comme chez lui à Moscou ; lui-même a dit qu'il avait «le visage ovale typique aux pommettes hautes d'un Russe. »
Turrou a été embauché comme interprète, et il a continué à exercer cette fonction tout au long de sa mission, mais il avait le don de s’insinuer dans des postes plus responsables. Très tôt, il a été chargé de la fabrication de vêtements au siège de Moscou, ce qui signifiait superviser l'assemblage des colis de vêtements. Plusieurs semaines plus tard, il a été transféré à la division administrative, où il a été assistant spécial de son chef. En avril 1922, Haskell ne tarit pas d'éloges sur les talents et la performance fougueuse de Turrou dans divers rôles : il «occupait l'un des postes les plus difficiles de ces quartiers généraux et il est actuellement le seul homme à occuper un poste de responsabilité au-delà de ce pourquoi il a été engagé. » Ces mots prendront plus tard une signification très différente de celle voulue. Haskell était fasciné, et une fois fasciné, il a obstinément gardé sa fascination face aux pires épreuves.

Les premières plaintes à propos de Turrou sont venues de responsables soviétiques qui étaient mécontents de la qualité de ses traductions lors des réunions ARA-soviétiques, l’accusant d'avoir déformé leurs propres mots et livré le message américain avec une inclinaison excessivement hostile. Si la qualité de ses traductions d'articles de journaux et de textes officiels est une indication, les Soviétiques avaient un reproche légitime. Turrou avait une imagination créatrice, qu'il utilisa librement comme traducteur.
Le problème le plus sérieux avec Turrou, cependant, n'était pas ses traductions mais ses transactions, celles de la variété monétaire. Son record est un assortiment de bric et de broc.

Le 1er novembre 1922, le bureau de Londres a informé Moscou que Turrou s'était plaint qu'il perdait de l'argent parce que Londres déposait ses chèques de paie en dollars dans une banque parisienne; comme il était impossible d'avoir un compte courant en dollars avec une banque parisienne, ils ne savaient pas de quoi il parlait.
En janvier 1923, après que le releveur Joseph Janicki eut quitté la mission et vivait à Riga, une succession d'Américains venant de Moscou lui avaient dit qu'il avait laissé des factures impayées au casino Empire. Cela n'avait aucun sens pour lui jusqu'à ce que quelqu'un lui dise que ses cartes de visite avaient été laissées à l'Empire avec une reconnaissance de dette signée par Turrou, et que c'était Turrou qui parlait aux gens des créances impayées de Janicki. Janicki a écrit à Quin….

……………………………….

…Le retrouver à Varsovie et qu'il avait évité les bureaux de Londres, apparemment « y passant comme un feu follet. » Il avait appareillé du Havre pour New York, et le plan était de l'intercepter là-bas. Mitchell a caractérisé son comportement «un exemple de nerf parfait. Le jeune homme peut parler dans trois langues différentes et je pense qu'il a apparemment fait un peu de travail dans chacune. »
Le 26 mars, Turrou était arrivé à New York et avait été en quelque sorte attiré au siège de l'ARA. Il a expliqué qu'il n'était plus en possession des diamants en question, qu'il les avait donnés à un homme du nom de Nachhimoff à Varsovie, qui devait retourner à Moscou et les livrer à Volodin car les pierres ne valaient qu'environ soixante-dix dollars et lui demandant de rendre les bijoux au vendeur. Quant aux aiguilles manquantes, Turrou a affirmé qu'elles avaient été remises à une institution catholique à Moscou, comme l'a approuvé Burland.

Cette information a été câblée à Quinn, qui a câblé en retour le 31 mars qu'aucun Nachimoff n'était apparu à Moscou et que l'histoire des aiguilles était clairement fausse. Il a estimé que Turrou devrait être obligé d’assumer le chèque annulé.
Le 4 avril, Brown a écrit à Haskell, maintenant de retour à Moscou, que Turrou avait clarifié la question des diamants et avait signé une déclaration sous serment. On ne sait pas exactement ce qu'il a avoué parce que la déclaration sous serment est perdue, mais quelque part le long de la ligne Turrou peut en fait avoir été aspiré parce que les chefs ont qualifié sa déclaration de « longue et triste histoire de ce qui est censé être sa tentative d'entrer dans le ‘jeu rapide de devenir riche.‘» Quant à la question des aiguilles, il a maintenu son histoire, et il n'y avait aucune preuve pour la contredire. Nulle part dans la documentation il n'y a d'indications de ce que Haskell pensait de ces questions.

Cela aurait dû être la fin de l'histoire de Turrou ; il aurait dû disparaître de la scène comme ces autres opérateurs ARA, Veil et Dodge. Mais Turrou était un homme de confiance d'une race supérieure.
« Fin avril, seulement trois semaines après un développement qui aurait laissé un homme normal avec la tête baissée, il a adressé une lettre plutôt effrontée à Hoover. Il a déclaré au chef que le jour où il avait été embauché pour faire l’interprète pour Haskell avait été le plus heureux de sa vie car cela l'avait placé dans une position idéale pour découvrir «la vraie vérité» sur la Russie. Son rôle d'ARA et sa facilité avec les langues lui ont permis de « pénétrer dans des situations fâcheuses». Il avait réussi à gagner la confiance des dirigeants soviétiques et avait ainsi pu apprendre l'histoire intérieure des affaires de Bolo. Après un moment, il avait décidé de quitter la Russie parce que « J'étais fatigué d'être suivi et d'être espionné et j'ai senti que j'avais fait tout ce que je pouvais avec assez de temps pour échapper à la sécurité. » Il estime que Hoover gagnerait à entendre les« faits détaillés »de ses « enquêtes personnelles continues. »
Mais juste au cas où le chef ne le verrait pas de cette façon, Turrou laissa échapper une allusion subtile. Les journaux lui demandaient tous son histoire, a-t-il dit, mais il pensait qu'il devrait obtenir l'approbation de Hoover avant de rendre ses conclusions publiques. Ces découvertes avaient beaucoup à voir avec l'obstructionnisme soviétique officiel. Pourquoi, à peine un paragraphe de l'Accord de Riga n'a pas été violé. Il était en possession d’une information confidentielle selon laquelle les agents de Lander avaient reçu l’ordre de diffuser la propagande anti-ARA. La rencontre de Haskell avec Lénine avait fait monter les attentes soviétiques d'un accord avec Washington, mais « le colonel Haskell est revenu les mains vides et ils n'ont jamais surmonté la déception." Et ainsi de suite.

……………………………………….

Léon George Turrou est un affabulateur 

Qui va raconter avoir été agressé pour avoir entendu et suivi trois polonais qui ourdissaient un complot contre René Viviani….

"Réélu député en 1919, on le nomme en 1920/21, représentant de la France au Conseil de la Société des Nations (SDN). En 1921, il se rend avec Briand à la conférence navale de Washington."



Turrou était un espion double, un escroc de haute voltige et un joueur invétéré...

Qui aimait et se targuait de fréquenter les puissants.

Et qui a fréquenté de près Herbert Hoover.

Ou le Lieutenant Général William Nafew Haskell ou encore Felix Dzerjinski...

Au temps de et après l'A.R.A. (American Relief Administration).

Son rêve était d'entrer au F.B.I. (Federal Bureau of Investigation).

Et il y a maintes fois posé sa candidature.

Rêve devenu réalité grâce à Hoover en 1928.

"C'est le plus incroyable polar de tous les temps car tout est vrai avec des russes, des américains, des bretons. Je ne serais pas étonné que le cinéma s'y intéresse."

Que le Berengaria soit bien arrivé à Cherbourg le 21 mai 1923...

Et, non, comme prévu, le 22 mai 1923, car le temps s'y prêtait...

"After a crossing favored by good weather"...

C'est Thierry Lefebvre qui nous l'a prouvé sur ce blog.

Et personne d'autre.

The Chicago Tribune and Daily News, New York du 22 mai 1923




(*) "Lorsqu'une famine dévastatrice s'est abattue sur la Russie bolchevique en 1921, les États-Unis ont répondu par une énorme mission de secours de deux ans qui a lutté contre la famine et la maladie et a sauvé des millions de vies. Les quelques 300 travailleurs humanitaires américains ont été les premiers étrangers à percer la Russie. l'isolement, et pour assister et enregistrer l'étrange nouveau phénomène du bolchevisme russe.

Ce conte épique est raconté ici comme une histoire d'aventure américaine tentaculaire, largement dérivée des journaux intimes, des mémoires et des lettres des participants américains, qui étaient un mélange coloré d'anciens doughboys, cowboys et collégiens avides d'aventure dans le sillage de la Grande guerre. L'histoire est racontée dans un style anecdotique, voire romanesque, accessible à un large public. Plus qu'un récit historique fascinant, le livre sert d'histoire politique et sociale des séquelles de la révolution russe, et d'étude des racines de la rivalité fatidique américano-soviétique qui dominerait la seconde moitié du XXe siècle.

La section d'ouverture des chapitres du livre raconte l'histoire chronologique de la mission américaine en Russie bolchevique, doublée par ceux qui ont servi de "Big Show in Bololand". Elle est suivie de sections qui examinent les triomphes et les tragédies personnelles des secouristes et de leurs bénéficiaires; les affrontements politiques entre ces émissaires du capitalisme américain et les commissaires bolcheviks, qui peinaient à prendre le contrôle des secours; et la rencontre culturelle américano-russe unique occasionnée par la présence des travailleurs humanitaires, qui entraient en contact quotidiennement avec toutes les classes de la société - des anciens aristocrates appauvris aux paysans les plus pauvres. "

American relief workers at Simbirsk: (left to right) Thomas Barringer, Alvin Blomquist, Mark Godfrey, James Somerville, William Otis. Photo from the Hoover Institution Archives.

American relief workers at Simbirsk: (left to right) Thomas Barringer, Alvin Blomquist, Mark Godfrey, James Somerville, William Otis. Photo from the Hoover Institution Archives.

 

Affaire Seznec : "Get rich quick game" signifie "faire fortune rapidement avec des combines" et comporte une notion d'arnaque !

"Get rich quick game" signifie "faire fortune rapidement avec des combines" et comporte une notion d'arnaque !

get rich quick game leon turrou A.R.A.


 

Affaire Seznec : Bertrand Patenaude

Affaire Seznec : Bertrand Patenaude (2)


1/ Page 685/686/687/688

Dangerous men in Russia :

"When the Dodge-Dalton trunks were opened on December 8, Leon Turrou was present as a witness, and he signed the Soviet government’s « Act » as its translator. The shadow of Turrou falls omninously over the December courrier incident.

Four years later Bruland remembered the « gossip » in Moscow about Turrou : that « he was acting spy for the Bolos and gave away the Dodge trunk episode. » It is unclear why it was thought that the Soviets would have needed the services to unmask Dodge, whose reputation had long preceded the train that was carrying him and his plunder out of Russia. Still this does not necessarily mean that Turrou dit not spy for the Bolos. The career path he followed after leaving the ARA indicates a proclivity for the espionage game. And the remarkably nomadic existence of his pre-adult years might suggest long experience in changing allegiances, although for the details of his early biography one must rely on Turrou’s own testimony, delivered under oath in the United States District Court in New York in 1928.

Turrou – who pronounced his name to rhyme with « Ferrow » - was born in Crascaw on September 14, 1895, several months after his father had died in Pairs. Three months after his birth his mother died and he was adopted by neighbors, who took him to Cairo and Alexandria, and later, at age seven, to China. After his foster mother died , his foster father took him to Odessa and then to Warsaw, and after serving with the Imperial Russian Army during the Russo-Japanese War returned with the boy to China, working there as an importer until his death a few years later. Turrou, by then a teenager, was sent back to Poland, wandered to Berlin, then London, and then came to the United States, where he earned a living washing dishes and translating, for by then he ha dacquired a proficiency in several languages.

In 1915, he left for Paris, seeking opportunity in the war, and ended up joining the Russian Imperial Army. He saw action on the eastern front and was twice wounded. After the war, he was briefly in Shanghai ; in 1919 he returned to the United States and supported himself on his translating skills, working for the Russian-language newspaper Slovo until he joined the marines in 1920. He then picked up and moved to Paris, where he worked as a translator and some how got connected with the A.R.A. In September 1921 he signed on with the Russian unit, for which his knowledge of languages and his Russian background must have made him seem an attractive candidate. He felt right at home in Moscow ; he himself said that he had the « typical high-cheekboned oval face of a Russian. »

Turrou has been hired as an interpreter, and he continued to serve in that capacity throughout his time in the mission, but he had a knack for insinuating himself into more responsible positions. Early on he was placed in charge of clothing manufacture at Moscow headquarters, which meant supervising the assembly of clothing packages. Several weeks later he was transferred to the administrative division, where he served as a special assistant to his chief. In April 1922, Haskell raved about Turrou’s talents and spirited performance in a variety of roles : he was « swinging one of the most trying and difficult positions at these headquarters and he is at present the only man filling a position with responsibility beyond that which he was engaged. » These words would later take on an antirely different meaning from that intended. Haskell was hooked, and once he was hooked, he stubbornly resisted beeing unhooked in the face of adverse evidence.

The first complaints about Turrou came from Soviet officials who were upset about the quality of his interpreting during ARA-Soviet meetings, charging that he distorted their own words and delivered the American message with an excessively hostile slant. If the quality of his translations of newspapers articles and official texts is any indication, the Soviets had a legitimate gripe. Turrou had a creative imagination, who he put to liberal use as a translator.

The most serious problem with Turrou, however, was not his translations but his transactions, those of the monetary variety. His record is an assortment of odds and ends.

On November 1, 1922, the London office informed Moscow that Turrou had been complaining that he was loosing money because London was depositing his pay checks in dollars in a Paris bank ; since it was impossible to have a checking account in dollars with a Paris bank, they had no idea what he was talking about.

In January 1923, after reliever Joseph Janicki had left the mission ant was living in Riga, he was told by a succession of Americans traveling from Moscow that he had left some unpaid bills there at the Empire casino. This did not make any sense to him until someone told him that his visiting cards had been left at the Empire with an IOU signed by Turrou, ant that it was Turrou who was telling people about Janicki’s allegee unpaid billes. Janicki wrote to Quinn of this dirty "trick" and asked for help in clearing his name ; if Quinn had any doubts, he could just ask Freddie Lyon.

This question could not have been resolved to Janicki's satisfaction because a year after the mission he wrote to the New York office and asked to be rembered to all his ARA friends - all, that is, "EXCEPT TURROU. You can forget him for me, if you please. I will convey my best wishes to him personnaly when I arrive and he should yet survive."

Others would readily have joined in such well-wishing. One was Michael Banetski, a Soviet Citizen who turned to Haskell at mission's end and asked to be taken to the United States. He was worried that his contribution as an ARA employee have been obscured from the colonel by Turrou, with whom he had worked for nine months. "He Always try to keep me down never did give me a credit for important work but always did take credit for it to himself."

Turrou was connected with an unhappy story involving the renting of an apartment in Moscow by three ARA men. The cost was about forty-five dollars per man per month, and each American put down two months rent in advance and moved in. Their joy at having graduated from life at the personnel house was cut short, however, when the Cheka showed up one evening to take possession of the place, which it had previously requisitioned for office space. The landlord had vanished. It seems that Turrou had brokered the arrangements.

All this came to light while Turrou was serving in Moscow, but he did Nothing to dampen the enthusiasm of Haskell, who in February 1923 as Turrou was departing Russia wrote a glowing letter thanking him for his "efficient service", especially his excellent interpreting at the many conférences with the Soviets.

Turrou's difficulties began only after he crossed the Soviet border. In early March there were questions about a case of needles, Worth 60$, that he had taken from the Boinaia Warehouse without a proper receipt. London headquarters was trying to track him down for a proper explanation. At this very time, Turrou was in Warsaw writing to Haskell about an other troubling development. Before his departure from Russia he had purchased four Diamonds and a Platinium Watch for 2,500$, but on arrival in Warsaw he discovered that the Diamonds were merely Ural sapphires - in other words, he had been conned. He was about to depart for the States but asked Haskell's permission to send the fake stones by ARA courier to Russia addressed to Booman and with a request that his Latvian friend do Something about this. Haskell was out on leave, so Quinn wired London to advise that if Turrou were to surface there on his way to the States, he be informed that his resquest was denied.

A week later it was revealed that Turrou, who has paid the Moscow diamond seller with a check on the Banker's Trust in Paris, had stopped payment on the check - a fact he neglected to mention in his letter to Haskell - and that now the seller was in debt to the Soviet State Bank for the money. Quinn characterized this individual as being "one of the particularly undesirable types", though he thought the Diamonds were probably genuine and that Turrou himself was the con. Quinn then learned from a separate source that Turrou had stopped payment by claiming that the check had been stolen and that the signature was a forgery. "On the whole it is a pretty shaddy deal and we are glad that Turrou is out of Russia."

But where was he ? Mitchell in London wrote to New York that they could not track him down in Warsawand that he had avoided the London offices, apparently "doing track him down in Warsaw and that he had avoided the London offices, apparently « doing as will-o’-wisp stunt. » He had set sail from Le Havre for New York, and the plan was to intercepted him there. Mitchell characterized his behavior « an example of perfect nerve. The young man can speak thriteen different languages an I think has apparantly been doing a bit of business in each.

By March 26 Turrou had arrived in New York and had somehow been lured in the ARA headquarters. There has explained that he no longer was in position of the diamonds in question, that he had given them to a man named Nachhimoff in Warsaw, who was to return to Moscow and deliver them to Volodin taht the stones were worth only about seventy dollars and requesting him to return the jewelry to the seller. As for the missing needles, Turrou claimed that these had been given to a Catholic institution in Moscow as agreed to by Burland.

This information was cabled to Quinn, who wired back on March 31 that no such Nachimoff had appeared in Moscow and that the needles story was plainly untrue. He felt that Turrou should be forced to make good on the canceled check.

On April 4, Brown wrote to Haskell, now back in Moscow, that Turrou had come clean on the diamonds question, and has signed a sworn affidavit. It is unclear what he confessed to because the affidavit is lost, but somewhere along the line Turrou may in fact have been suckered because the chiefs caracterised his statement as « a long sad story of what purports to be his attempt to enter into the «’get rich quick game.’ »As for the needles question, he stood by his story, and there was no evidence to contradict it. Nowhere in the documentation is there any indication of what Haskell thought about these matters.

This should have been the end of the Turrou story ; he should have disppeared from the scene like those other ARA operators, Veil and Dodge. But Turrou was a confidence man of a higher breed.

« In late April, only three weeks after development that would have left a nomal man with his head lowered, he addresed a rather brash letter to Hoover. He told the Chief that the day he had been hired to interpret for Haskell had been the happiest of his life because it had put him in an ideal position to discover « the real truth » about Russia. His ARA role and his facility with languages had enabled him « to penetrate into untoward situations ». He had succeded in gaining the confidence of the Soviet leaders and had thus been able to learn the inside story about Bolo affairs. After a while he had decided to leave Russia because « I was tired of being followed and beins spied upon and I felt that I had done as much as I could with enough time left to get away safety. » He felt that Hoover would benefit from hearing the « detailed facts » of his « personal continuous investigations. »

But just in case the Chief might not see it that way, Turrou dropped an unsubtle hint. The newspapers were all asking him for his story , he said, but he thought he should get Hoover’s approval before making of his findings public. These findings had much to do with official Soviet obstructionism. Why, hardly a paragraph of the Riga Agreement had not been violated. He was in possession of a confidential information that Lander’s agents had been ordered to disseminate anti-ARA propaganda. Haskell’s meeting with Lenin had raised Soviet expectations of a deal with Washington, but « Colonel Haskell came back empty handed ant they never got over the disappointment. » And so on.

With only a few month remaining in the mission and with the ARA sishing to avoid controversy, Turrou could raise quite a fuss. In order to prevent this Hoover woul have to agrree to see him, which was Turrou's calculation. This was decided in the New York office where the discussion must have accompanied by much gritting of teeth. There is no record of the Hoover-Turrou encounter, but it happened on or before May 14 when Page wrote to Herter that Turrou was "not a genuine ARA man" - Quinn's words - and that he was not allowed to see the Chief again. 

Turrou dropped out of sight for about two years until he wrote another letter to Hoover, this one regarding a supposed six-Week business trip he had just taken to Russia. His most sensational news was that scores of former ARA russian employees were languishing in GPU prisons on charges of espionage. He seems to have been obsessed with the details of Soviet spying, citing a popular saying in Russia that whenever two people are together talking, one is an informer ; and that in Russia all the Walls have ears. 

A year later Turrou applied for membership in the ARA Association. Burland weighed the costs and benefits. Although Turrou was clearly and undesirable element, it was thought wise not to antagonize him : "He himself could tell many interesting tells if he put his mind to it. Turrou could make out a case for himself if he decided to fight."

Turrou took a job as a foreign correspondent clerk in a New York City departement store, then a post office clerk in the Bronx. On April 1, 1929, he went to work for the other Hoover, joining the F.B.I. Turrou was now a G-man ; his new motto "For God, for country, and for J. Edgar Hoover." To this day he remains one of the most controversial agents in the bureau's history."

Traduction :

Lorsque les coffres Dodge-Dalton ont été ouverts le 8 décembre, Léon Turrou était présent comme témoin et il a signé la «loi» du gouvernement soviétique en tant que traducteur. L'ombre de Turrou tombe de façon inquiétante sur l'incident du courrier de décembre.

Quatre ans plus tard, Burland se souvenait encore des «commérages» à Moscou à propos de Turrou : «qu'il agissait en tant qu'espion pour les Bolos et a donné l'épisode du tronc Dodge.» On ignore pourquoi on pensait que les Soviétiques auraient eu besoin des services pour démasquer Dodge, dont la réputation avait longtemps précédé le train qui le transportait et son pillage hors de Russie. Cela ne signifie pas pour autant que Turrou n'ait pas espionné pour les Bolos. Le cheminement de carrière qu'il a suivi après avoir quitté l'ARA indique une propension au jeu d'espionnage. Et l’existence remarquablement nomade de ses années pré-adultes pourrait suggérer une longue expérience dans le changement d’allégeances, bien que pour les détails de sa première biographie, il faut se fier au témoignage de Turrou, prononcé sous serment devant le tribunal de district des États-Unis à New York en 1928.

Turrou - qui prononce son nom de façon à rimer avec «Ferrow» - est né à Crascaw le 14 septembre 1895, plusieurs mois après la mort de son père à Paris. Trois mois après sa naissance, sa mère est décédée et il a été adopté par des voisins, qui l'ont emmené au Caire et à Alexandrie, puis à l'âge de sept ans en Chine. Après la mort de sa mère adoptive, son père adoptif l'a emmené à Odessa puis à Varsovie, et après avoir servi dans l'armée impériale russe pendant la guerre russo-japonaise, il est retourné avec le garçon en Chine, y travaillant comme importateur jusqu'à sa mort quelques années plus tard. Turrou, alors adolescent, a été renvoyé en Pologne, a erré à Berlin, puis à Londres, puis est venu aux États-Unis, où il a gagné sa vie en lavant la vaisselle et en faisant des traductions, car il avait alors acquis la maîtrise de plusieurs langues.

En 1915, il part pour Paris, cherchant à s’engager dans la guerre, et finit par rejoindre l'armée impériale russe. Il a participé à des actions sur le front oriental et a été blessé à deux reprises. Après la guerre, il séjourne brièvement à Shanghai ; en 1919, il est retourné aux États-Unis et s'est appuyé sur ses compétences en traduction, travaillant pour le journal de langue russe Slovo jusqu'à ce qu'il rejoigne les marines en 1920. Il s'est ensuite repris et a déménagé à Paris, où il a travaillé comme traducteur et s’est débrouillé pour se connecter avec l'ARA. En septembre 1921, il a signé avec l'unité russe, pour laquelle sa connaissance des langues et ses antécédents russes ont dû le faire paraître un candidat attrayant. Il se sentait comme chez lui à Moscou ; lui-même a dit qu'il avait «le visage ovale typique aux pommettes hautes d'un Russe. »

Turrou a été embauché comme interprète, et il a continué à exercer cette fonction tout au long de sa mission, mais il avait le don de tenter de s’insinuer dans des postes plus responsables. Très tôt, il a été chargé de la fabrication de vêtements au siège de Moscou, ce qui signifiait superviser l'assemblage des colis de vêtements. Plusieurs semaines plus tard, il a été transféré à la division administrative, où il a été assistant spécial de son chef. En avril 1922, Haskell ne tarit pas d'éloges sur les talents et la performance fougueuse de Turrou dans divers rôles : il «occupait l'un des postes les plus difficiles de ces quartiers généraux et il est actuellement le seul homme à occuper un poste de responsabilité au-delà de ce pourquoi il a été engagé. » Ces mots prendront plus tard une signification très différente de celle voulue. Haskell était fasciné, et une fois fasciné, il a obstinément gardé sa fascination face aux pires épreuves.

Les premières plaintes à propos de Turrou sont venues de responsables soviétiques qui étaient mécontents de la qualité de ses traductions lors des réunions ARA-soviétiques, l’accusant d'avoir déformé leurs propres mots et livré le message américain avec un ton excessivement hostile. Si la qualité de ses traductions d'articles de journaux et de textes officiels est une indication, les Soviétiques avaient raison de lui faire  reproche. Turrou avait une imagination créatrice, qu'il utilisa librement comme traducteur.
Le problème le plus sérieux avec Turrou, cependant, n'était pas ses traductions mais ses transactions, celles de la variété monétaire. Son record est un assortiment de bric et de broc.

Le 1er novembre 1922, le bureau de Londres a informé Moscou que Turrou s'était plaint qu'il perdait de l'argent parce que Londres déposait ses chèques de paie en dollars dans une banque parisienne; comme il était impossible d'avoir un compte courant en dollars avec une banque parisienne, ils ne savaient pas de quoi il parlait.

En janvier 1923, après que le releveur Joseph Janicki eut quitté la mission et vivait à Riga, une succession d'Américains venant de Moscou lui avait dit qu'il avait laissé des factures impayées au casino Empire. Cela n'avait aucun sens pour lui jusqu'à ce que quelqu'un lui dise que ses cartes de visite avaient été laissées à l'Empire avec une reconnaissance de dette signée par Turrou, et que c'était Turrou qui parlait aux gens des créances impayées de Janicki. Janicki a écrit à Quinn  au sujet de ce sale "truc" et a demandé de l'aide pour effacer son nom; si Quinn avait des doutes, il pouvait simplement demander à Freddie Lyon.

Cette question n'a pas pu être résolue à la satisfaction de Janicki car un an après la mission, il a écrit au bureau de New York et a demandé à être rappelé à tous ses amis ARA - tous, c'est-à-dire, "SAUF TURROU. Vous pouvez l'oublier pour moi, s'il vous plaît. Je lui transmettrai personnellement mes meilleurs vœux à mon arrivée et il devrait encore s'en remettre. "

D'autres auraient volontiers adhéré à de tels vœux. L'un d'eux était Michael Banetski, un citoyen soviétique qui s'est tourné vers Haskell à la fin de la mission et a demandé à être emmené aux États-Unis. Il craignait que sa contribution en tant qu'employé de l'ARA ait été cachée au colonel par Turrou, avec qui il avait travaillé pendant neuf mois. «Il a toujours essayé de m'abaisser, il ne m'a jamais accordé de crédit pour un travail important, mais il s'en est toujours attribué le mérite.»

Turrou était lié à une histoire malheureuse impliquant la location d'un appartement à Moscou par trois hommes ARA. Le loyer était d'environ quarante-cinq dollars par homme et par mois, et chaque Américain versait deux mois de loyer à l'avance puis emménageait. Leur joie d'avoir obtenu son diplôme de la vie à la maison du personnel a cependant été interrompue lorsque le Cheka s’est présentée un soir pour prendre possession du lieu, qu'il avait précédemment réquisitionné pour des bureaux. Le propriétaire avait disparu. Il semble que Turrou ait négocié les arrangements.

Tout cela est apparu alors que Turrou servait à Moscou, mais il n'a rien fait pour atténuer l'enthousiasme de Haskell, qui en février 1923, alors que Turrou quittait la Russie, a écrit une lettre élogieuse le remerciant pour son "service efficace", en particulier son excellente interprétation à de nombreuses conférences avec les Soviétiques.

Les difficultés de Turrou n'ont commencé qu'après avoir franchi la frontière soviétique. Début mars, il y avait des questions sur une caisse d'aiguilles, d'une valeur de 60 $, qu'il avait prise à l'entrepôt de Boinaia sans avoir un reçu en bonne et due forme. Le siège de Londres essayait de le retrouver pour une explication appropriée. À ce moment précis, Turrou était à Varsovie pour écrire à Haskell au sujet d'un autre développement troublant. Avant son départ de Russie, il avait acheté quatre diamants et une montre Platinium pour 2500 $, mais à son arrivée à Varsovie, il a découvert que les diamants n'étaient que des saphirs de l'Oural - en d'autres termes, il avait été dupé. Il était sur le point de partir pour les États-Unis mais a demandé à Haskell la permission d'envoyer les fausses pierres par courrier ARA en Russie adressées à Booman et avec une demande que son ami letton fasse quelque chose à ce sujet. Haskell étant en congé, Quinn a donc appelé Londres pour avertir que si Turrou devait y faire surface en route vers les États-Unis, il serait informé que sa demande lui avait été refusée.

Une semaine plus tard, il a été révélé que Turrou, qui a payé le vendeur de diamants de Moscou avec un chèque sur le Banker's Trust à Paris, avait suspendu le paiement sur le chèque - un fait qu'il a négligé de mentionner dans sa lettre à Haskell - et que maintenant le vendeur était en dette envers la Banque d'État soviétique pour l'argent. Quinn a défini cet individu comme étant "l'un des types particulièrement indésirables", bien qu'il pensait que les diamants étaient probablement authentiques et que Turrou lui-même était le pigeon. Quinn a ensuite appris d'une source distincte que Turrou avait arrêté le paiement en affirmant que le chèque avait été volé et que la signature était un faux. "Dans l'ensemble, c'est une affaire assez loufoque et nous sommes heureux que Turrou soit hors de Russie."

Mais où était-il? Mitchell à Londres a écrit à New York qu'ils n'avaient pas pu le traquer à Varsovie et qu'il avait évité les bureaux de Londres, apparemment " agissant à sa guise". Il avait mis les voiles du Havre pour New York, et le plan était de l'intercepter là. Mitchell a caractérisé son comportement" un exemple de nerf parfait. Le jeune homme peut parler dans trois langues différentes et je pense qu'il a apparemment fait un peu d'affaires dans chacune.

Le 26 mars, Turrou était arrivé à New York et avait été en quelque sorte attiré au siège de l'ARA. Il a expliqué qu'il n'était plus en possession des diamants en question, qu'il les avait donnés à un homme du nom de Nachhimoff à Varsovie, qui devait retourner à Moscou et les livrer à Volodin car les pierres ne valaient qu'environ soixante-dix dollars en lui demandant de rendre les bijoux au vendeur. Quant aux aiguilles manquantes, Turrou a affirmé qu'elles avaient été remises à une institution catholique à Moscou, comme l'a confirmé Burland.

Cette information a été câblée à Quinn, qui a cablé en retour le 31 mars qu'aucun Nachimoff n'était apparu à Moscou et que l'histoire des aiguilles était clairement fausse. Il a estimé que Turrou devrait être obligé d’assumer le chèque annulé.

Le 4 avril, Brown a écrit à Haskell, maintenant de retour à Moscou, que Turrou avait clarifié la question des diamants et avait signé un affidavit sous serment. On ne sait pas exactement ce qu'il a avoué parce que l'affidavit est perdu, mais en suivant le raisonnement, Turrou peut en fait avoir été pigeonné parce que les chefs ont caractérisé sa déclaration comme «une longue et triste histoire de ce qui est censé être sa tentative d'entrer dans le jeu de "faire fortune". Nulle part dans la documentation il n'y a d'indication de ce que Haskell pensait de ces questions.

Cela aurait dû être la fin de l'histoire de Turrou ; il aurait dû disparaître de la scène comme ces autres opérateurs ARA, Veil et Dodge. Mais Turrou était un homme de confiance d'une race supérieure.

« Fin avril, seulement trois semaines après un développement qui aurait laissé un homme normal faire profil bas, il a adressé une lettre plutôt osée à Hoover. Il a déclaré au chef que le jour où il avait été embauché pour faire l’interprète pour Haskell avait été le plus heureux de sa vie car cela l'avait placé dans une position idéale pour découvrir «la vraie vérité» sur la Russie. Son rôle d'ARA et sa facilité avec les langues lui ont permis de « pénétrer dans des situations fâcheuses». Il avait réussi à gagner la confiance des dirigeants soviétiques et avait ainsi pu apprendre l'histoire intérieure des affaires de Bolo. Après un moment, il avait décidé de quitter la Russie parce que « J'étais fatigué d'être suivi et d'être espionné et j'ai senti que j'avais fait tout ce que je pouvais avec assez de temps pour échapper à la sécurité. » Il estime que Hoover gagnerait à entendre les« faits détaillés »de ses « enquêtes personnelles continues. »

Mais juste au cas où le chef ne le verrait pas de cette façon, Turrou laissa échapper une allusion subtile. Les journaux lui réclamaient tous son histoire, a-t-il dit, mais il pensait qu'il devrait obtenir l'approbation de Hoover avant de rendre ses conclusions publiques. Ces découvertes avaient beaucoup à voir avec l'obstructionnisme soviétique officiel. Pourquoi, à peine un paragraphe de l'Accord de Riga n'a pas été violé. Il était en possession d’une information confidentielle selon laquelle les agents de Lander avaient reçu l’ordre de diffuser la propagande anti-ARA. La rencontre de Haskell avec Lénine avait fait monter les attentes soviétiques d'un accord avec Washington, mais le colonel Haskell est revenu les mains vides et ils n'ont jamais surmonté la déception." Et ainsi de suite.

Avec seulement quelques mois restants dans la mission et avec l'ARA souhaitant éviter la controverse, Turrou pourrait en faire toute une histoire. Pour éviter ce Hoover, il faudrait se mettre d'accord pour le voir, ce qui était le calcul de Turrou. Cela a été décidé dans le bureau de New York où la discussion a dû s'accompagner de nombreux grincements de dents. Il n'y a aucune trace de la rencontre Hoover-Turrou, mais cela s'est produit le 14 mai ou avant lorsque Page a écrit à Herter que Turrou n'était "pas un véritable ARA" - les mots de Quinn - et qu'il n'était pas autorisé à revoir le chef.

Turrou est resté hors de vue pendant environ deux ans jusqu'à ce qu'il écrive une autre lettre à Hoover, celle-ci concernant un supposé voyage d'affaires de six semaines qu'il venait de faire en Russie. Sa nouvelle la plus sensationnelle était que des dizaines d'anciens employés russes de l'ARA se languissaient dans les prisons du GPU pour espionnage. Il semble avoir été obsédé par les détails de l'espionnage soviétique, citant un dicton populaire en Russie selon lequel chaque fois que deux personnes parlent ensemble, l'un est un informateur ; et qu'en Russie, tous les murs ont des oreilles.

Un an plus tard, Turrou a fait une demande d'adhésion à l'Association ARA. Burland a évalué les coûts et les avantages. Bien que Turrou soit clairement un élément indésirable, on pensait qu'il ne fallait pas le contrarier : "Lui-même pourrait dire de nombreuses histoires intéressantes s'il y pensait. Turrou pourrait se défendre s'il décidait de se battre."

Turrou a pris un emploi en tant que commis correspondant étranger dans un magasin du département de New York, puis commis de bureau de poste dans le Bronx. Le 1er avril 1929, il est allé travailler pour l'autre Hoover, rejoignant le F.B.I. Turrou était maintenant un G-man; sa nouvelle devise "Pour Dieu, pour le pays et pour J. Edgar Hoover." À ce jour, il reste l'un des agents les plus controversés de l'histoire du bureau. "